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Grenoble, la futuriste
Grenoble, ville d’art et d’histoire aux deux mille ans d’âge, est aussi un laboratoire de l’architecture moderne, riche d’une vingtaine d’édifices labellisés « patrimoine du XXe siècle. » On le découvre au fil d’une balade de l’art déco au premier bâtiment à énergie positive.
Pépites architecturales
A Grenoble, il n’y a pas que les montagnes à admirer !
Si son bâtiment le plus emblématique, la tour Perret – première tour en béton armé au monde en 1925 –, fut construit pour les regarder, la ville regorge de pépites architecturales liées à l’invention du ciment moulé, « l’or gris », que l’on découvre le plus souvent le nez en l’air.
La plus exotique se situe sur les flancs de la Bastille, avant l’entrée de Grenoble : la Casamaures, improbable palais néo-mauresque tout en arabesques et colonnades datant du milieu du XIXe siècle, est un petit chef-d’œuvre de pierres factices. Elle se visite, mais pour l’heure, franchissons l’Isère pour pénétrer dans la ville moderne…
De l’art déco à la modernité
Les façades « instagramables » ne manquent pas ici. En mettant au point le ciment prompt en 1817, le Grenoblois Louis Vicat ouvrit de fait la voie à toutes sortes d’audaces ornementales et constructives. A l’image des éléphants aux longues trompes qui ornent une façade de la rue Félix Poulat.
L’immeuble de 1903, en briques de ciment, est un vrai manifeste style art nouveau, ce style tout en volutes et motifs végétaux qui fit florès au tournant des XIXe et XXe siècles.
Mais à Grenoble, c’est l’Art déco qui prédomine, dans l’esprit de l’école du Bauhaus et de ses lignes épurées.
Jeux de volumes en saillie, arrondis d’angles, ferronneries ouvragées, balcons filants… Derrière une belle façade Art déco, au numéro 2 de la rue Bressieux, dans l’hyper centre de Grenoble, le garage hélicoïdal – édifié en 1932 et classé en 1989 – est typique de l’esthétique de la modernité de l’Art déco.
C’est aussi une prouesse d’architecture en béton armé puisqu’il abrite, dissimulé derrière un portail et à l’abri des regards, 225 boxs sur pas moins de 7 étages. Sa visite vaut le détour !
Partout ailleurs, grâce au béton armé et aux poutrelles métalliques, les immeubles s’élèvent, les loggias s’élargissent : toutes les audaces sont permises !
Après la Seconde Guerre mondiale, les architectes s’affranchissent encore davantage des règles pour rentrer dans la modernité lors de la construction des grands boulevards, creusés à l’emplacement des anciens remparts. Pionnier du genre, l’immeuble Le Gambetta-Rivet, construit par Servonnet, impressionne par son fronton monumental sur 31 mètres de haut et ses balcons en forme de coquillage. Non loin de là, derrière le boulevard Foch, le Mercure vaut lui aussi une photo avec sa façade en mur-rideau entièrement vitrée.
L’héritage des JO de 1968
Ces prouesses constructives préfigurent les transformations radicales qui seront apportées par les Jeux olympiques d’hiver de 1968. Elles se dévoilent au fil de la ligne de tramway B : l’hôtel de ville monumental et son patio (signé par Maurice Novarina et Jean Prouvé), les Trois Tours en ruches à alvéoles (qui furent longtemps les plus hautes d’Europe), la halle d’Alpexpo de Jean Prouvé, le stade de glace et ses audacieuses coques de béton, dans le parc Paul Mistral…
Sans oublier le musée de Grenoble, sur la place Lavalette, construit par le Groupe 6 tel un écrin autour des œuvres, qui ne fait pas ses trente ans.
Plus au sud (sur la ligne de tramway A), il faut aussi mentionner la maison de la culture (MC2), paquebot revêtu de tôle émaillée blanche conçu par André Wogenscky en 1968, puis remanié et agrandi par Antoine Stinco à la fin du siècle dernier.
Le tout premier éco-quartier de France
Deux cents ans après la révolution du ciment, la capitale des Alpes demeure un laboratoire de modernité : le premier écoquartier de France, la caserne de Bonne, inauguré en 2003, est un petit havre de verdure autour de son bassin.
Une réouverture pour un centenaire
Et en 2025, pour les cent ans de la tour Perret, on devrait pouvoir de nouveau monter à son sommet pour admirer ce patrimoine en perpétuel devenir face aux massifs : le chantier de restauration de l’édifice vient de démarrer.
Grenoble ne s’est pas faite et ne se visite pas en un jour !
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