C’est un village d’eau par excellence, mais un village d’eau de caractère, bien loin d’une station thermale huppée de bord de mer. Façonné par la montagne comme par la Bourne qui le traverse, il se niche au pied du Vercors et aux prémices d’une Provence rêvée, à cheval entre les départements de la Drôme et de l’Isère. Cette rivière qui lie les cimes aux plaines forge depuis l’époque médiévale une bourgade au charme singulier, authentiquement conservée. Et distille encore de nombreux atouts et trésors pour s’émerveiller le temps d’une escapade, à la découverte de Pont-en-Royans.
Un décor surnaturel… De roche et d’eau
Que l’on arrive par monts ou par vaux, l’entrée en matière est spectaculaire. Via les gorges de la Bourne, on se trouve ébloui de lumière, à peine sorti de la route sinueuse creusée à même la pierre. Du pont Picard, on reste stupéfait par la vue sur le Royans qui s’étend. Et on comprend dès lors l’importance de cet édifice qui donne son nom au village, à la mesure de la profondeur du gouffre qu’il permet de traverser. Si l’on parvient par la vallée, ce sont les fameuses maisons suspendues qui captent sur le champ notre attention. Construites à flanc de montagne et d’un pittoresque enchanteur, leurs vives couleurs tranchent au-dessus de la rivière et des rochers bleu glacier.
Décor planté, il est temps de s’interroger sur les raisons qui ont poussé les hommes à s’implanter dans ces lieux haut-perchés. Source vitale première, c’est encore l’eau qui afflue qui fut à l’origine de leur venue : son cours permettait de transporter les lourds troncs de bois issus des forêts surplombantes, tandis que l’obstacle qu’elle pouvait constituer faisait du village un lieu stratégique. Grâce au fameux pont, daté du onzième siècle, on pouvait justement circuler jusqu’à la plaine, mais contre monnaie sonnante : les seigneurs féodaux qui régnaient alors organisaient un péage pour le droit de passage.Au bord des flots, on compta jusqu’à sept moulins qui bénéficiaient de la force hydraulique pour moudre farines, noix ou encore presser des fruits…Avant de produire de l’électricité à partir du dix-neuvième siècle. On peut encore admirer des vestiges de ces édifices, disséminés le long de la rivière.
Passé la route principale qui serpente le long des falaises, on se plait à se perdre dans les étroites ruelles, authentiques et médiévales. À Pont-en-Royans, il s’agit de prendre de la hauteur ! Tout a été fait pour gagner un peu d’espace, sur le vide ou sur la roche. Une ambiance intimiste qui plut aussi à l’éminent Stendhal, il évoque son passage au village dans son ouvrage de 1838, Mémoires d’un touriste, en vantant « la transparence et la beauté de ses eaux ». En parlant de la Bourne bien sûr ! Justement, pour en profiter, l’aménagement de ses berges est particulièrement réussi, et invite au farniente. Les plages de baignades sont larges et aménagées, ses tables de pique-nique accueillantes, les cascades nombreuses, le tout dans un décor au cachet enchanteur ! Une autre merveille, elle aussi façonnée par l’eau, mérite le détour à quelques kilomètres de Pont-en-Royans : la grotte de Choranche, avec son lac souterrain et ses milliers de fistuleuses.
Le bâtiment qui l’abrite a connu plusieurs vies, et s’impose désormais comme un excellent témoin du patrimoine hydroélectrique de la région. Tour à tour couvent, filature de soie puis usine, pour finir par produire l’électricité des environs, sa situation les pieds dans l’eau lui a permis d’exploiter la précieuse houille blanche, l’énergie hydroélectrique. Désormais, cet espace consacré à l’eau sous toutes ses formes permet de vivre une expérience aussi ludique qu’instructive, adaptée à tous les membres d’une famille. Alors que les tout-petits s’extasieront devant le superbe aquarium peuplé de poissons de nos rivières, les ados pourront se challenger avec des quizz interactifs bien sentis sur l’énergie. Pour les plus grands, plusieurs expositions artistiques de grande qualité sont à admirer.
On ressent dans l’ensemble une vraie sensibilité écologique militante pour la biodiversité, qui filtre notamment à travers des extraits de films de l’éminent botaniste Francis Hallé. Le clou de la visite est immanquable, et fait toujours l’unanimité : laissez-vous tenter par une dégustation au bar à eau. Saviez-vous qu’elle pouvait être grasse, perlée ou même huileuse ? L’une permettra de laver la bouche entre des mets délicats, tandis qu’une autre, par ses caractéristiques organoleptiques, mettra en valeur les saveurs d’un thé. Dans son ensemble, un musée à vivre comme un véritable océan à découvrir pour les curieux, et tout savoir sur ce liquide ! Précieux.
