Aux confins de l’Isère et de la Drôme, le village de Saint-Antoine-l’Abbaye est auréolé du prestigieux label des plus beaux villages de France. Partons à l’assaut d’un patrimoine d’une richesse exceptionnelle ! Dans le dédale de ses ruelles pittoresques à l’authenticité préservée, pendant sa fête médiévale du mitan de l’été, le temps semble s’être arrêté.
Une médiévale dans un site patrimonial
Nombreux sont les curieux fanas de patrimoine qui ont comme nous répondu à l’appel, en ce début du mois d’août. Partout une foule joyeuse déambule dans les rues. Pléthore de badauds ont joué le jeu en revêtant des tenues chamarrées au style tout adapté : ici des robes longues et des hennins festonnés, là de larges toges aux couleurs héraldiques… Nous voici propulsé dans une ambiance festive, on savoure la douceur de l’été. Aux lanternes des maisons à colombages, flottent au vent les couleurs de la ville de Saint-Antoine-l’Abbaye.
C’est son passé religieux qui a construit le prestige des lieux, les reliques égyptiennes dudit saint ayant inspiré les fondations de l’abbatiale, dès le Xe siècle. Un large hôpital attenant a longtemps aussi accueilli des malades victimes du « mal des ardents », aussi connu comme le fameux « feu de saint Antoine ». À proximité, un jardin apportait les ressources naturelles pour l’élaboration de remèdes. Mais le temps ce week-end n’est qu’à la fête, et l’ardeur uniquement dévolue à célébrer les beautés du feu Moyen Âge, avec toute une diversité d’activités !
Peu à peu, en cheminant vers l’entrée du festival située au centre du village, on arpente les goulets escarpés. On découvre à un détour l’imposante halle multiséculaire reconstruite au XIXe siècle, destinée au commerce du grain. Un peu plus loin, dans la fameuse grande rue, on s’extasie devant les demeures de seigneurs pourvues de fenêtres à meneaux. Se découvrent enfin sur la place la porterie et l’entrée du festival. L’accueil est tonitruant ! Des personnages en costumes près d’une tente d’inspiration orientale nous incitent à venir écouter des contes anciens. Un chameau mange son foin, les enfants s’étonnent. En passant sous l’arche de l’ancien hôpital des démembrés, on accède à la grande cour de l’abbaye.
Majestueuse, cette immense enfilade est plantée de nombreux arbres centenaires qui apportent un ombrage bienvenu pour contrer la torpeur estivale. Toute l’année comme pendant le festival, il est bordé de multiples points d’intérêts : le musée départemental, un tailleur de pierre, un potier… En ce jour d’août, de vastes tavernes occupent l’espace central, ainsi que de grandes tables conviviales. Une douce odeur vient nous chatouiller les narines, de nombreuses viandes rôtissent sur des broches, tandis que des diots mijotent sur des sarments de vigne dans de vastes bassines de cuivre. Tout un parcours gastronomique est repéré sur le plan que l’on nous a remis à l’entrée. Suivons le guide ! Et si on arrosait notre cuisse de porcelet d’une rasade d’hydromel ?
L’imposante abbatiale surgit alors au bout de l’allée. L’édifice appartenant au style gothique flamboyant resplendit dans la chaude lumière de la fin de journée. Comme à l’époque, une véritable cour des miracles se presse sur le parvis de l’église. Allons-bon, ces gueux et ces manants nous jouent une comédie à la mécanique bien rodée ! À écouter leurs rires, elle semble ravir les petits comme les grands de l’assistance. Pourtant, une fois passé la lourde de porte de bois de l’abbatiale, plus un son ne perce, l’air est frais. On est tout prêts à savourer un concert donné sur l’immense orgue daté du début du XVIIe siècle. Chut, ça va commencer !
Peu à peu le crépuscule gagne le village. Il est temps de se diriger vers le village médiéval, qui a les faveurs des plus jeunes et des éternels enfants. Dans un ensemble de tentes, de nombreux artisans sont présents pour faire des démonstrations : un coutelier frappe sur du métal rougeoyant, un forgeron attise les braises avec un soufflet monumental. On admire un combat à l’épée : pour les plus enthousiastes, des initiations sont prévues, il est possible de participer ! Pour les plus timorés, de nombreux jeux en bois sont mis à disposition. Tout comme des piles de heaumes qui peuvent être essayés librement. On se laisse tenter par un dernier spectacle au soleil couchant sur les hauteurs du bourg, aux abords du sentier des flâneurs. On admire la vue, du Vercors au Chambaran, déjà presque nostalgique d’une journée réussie, à la médiévale de Saint-Antoine-l’Abbaye.
