Traversée de la Chartreuse : une odyssée grandiose et sauvage

Entre Grenoble et Chambéry, le Parc Naturel Régional de Chartreuse offre entre ses hautes falaises une parenthèse de nature sauvage avec ses vastes forêts et ses pelouses alpines foisonnantes de fleurs. En boucle ou en traversée, le randonneur assiste à un mariage grandiose entre le minéral et le végétal.

Longtemps enclose dans ses remparts naturels, la Chartreuse est restée isolée jusqu’à l’expansion de l’ordre des Chartreux qui attira pèlerins et visiteurs vers le monastère. Avec le développement des voies de communication, le tourisme a pris son essor au début du XXe siècle. Mais dans ce domaine, la Chartreuse est heureusement restée un modèle de développement réfléchi et modéré, s’efforçant de limiter l’impact du tourisme sur le milieu naturel. Au grand bonheur des randonneurs.

 

 

Randonnée à la carte

Dans cet environnement préservé, d’une prodigieuse biodiversité, le randonneur est roi. Les innombrables sentiers délivrent le sésame d’une montagne à la fois rassurante (majestueuses forêts et plateaux d’alpage) et impressionnante avec ses escarpements rocheux à explorer via de vertigineuses sangles réservées aux marcheurs aguerris et équipés. Les randonneurs au long cours comme les amateurs de micro aventures sur 2 ou 3 jours pourront y composer des itinéraires à la carte en s’appuyant sur les différents balisages.

 

© Jérémy Tronc

Le bus jusqu’au départ

Pour notre part, nous avons opté pour une sortie sur mesure en prenant le bus et en combinant différents balisages : GR®9, GR® de Pays, et sentiers locaux. Après seulement 20 minutes de trajet depuis le centre-ville de Grenoble, le bus 62 nous dépose au cœur du village du Sappey-en-Chartreuse. À 200 mètres à peine se trouve le GR®9, que nous rejoignons facilement. Le sentier s’élève ensuite à l’ombre des arbres, longeant une prairie qui sert de pâturage aux animaux pendant la belle saison.

© Jérémy Tronc

Randos sans voiture

La montagne sans voiture

Avec Grenoble au sud du massif et Chambéry au nord, la Chartreuse peut facilement être traversée dans un sens comme dans l’autre. Au départ de chaque ville, des bus permettent de rejoindre des départs de randonnée en s’affranchissant d’une longue montée depuis la vallée. Mais il est aussi possible de réaliser une traversée à pied complète de gare à gare. Quel que soit votre point de départ, une multitude d’itinéraires s’offre à vous, permettant de profiter pleinement de la nature sans avoir besoin de voiture.

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Cabane de berger

Après une montée en lacets, nous arrivons dans une prairie dominée par les falaises orientales de Chamechaude, point culminant du massif avec ses 2082 m d’altitude. Nous nous sentons écrasés sous le poids de l’imposante paroi. Au pied de cette pâture se trouve le Habert de Chamechaude, une cabane de berger accessible aux randonneurs en dehors de la période d’estive. Avec ses tables type pique-nique et son poêle, elle peut abriter une vingtaine de personnes.

© Jérémy Tronc

Bivouac ou cabane ?

Les journées de marche s’organisent autour des étapes du soir. Bivouac au grand air pour communier avec la nature ou cabane rustique pour une ambiance authentique ? La Chartreuse offre ces deux options. On trouve des petites cabanes rustiques réparties sur l’ensemble du massif. Elles disposent d’un confort et d’un équipement plus ou moins spartiate mais qui vous transporteront dans vos rêves d’enfant et d’aventurier. Un poêle pour se chauffer entre 4 murs de pierre, une vieille table éclairée à la bougie, des couchettes superposées, une source d’eau à l’extérieur : c’est bucolique à souhait !

© Jérémy Tronc

Marche à flanc de falaise

Le lendemain nous partons à l’assaut de la dent de Crolles, imposante forteresse calcaire qui domine la vallée du Grésivaudan. Le GR®9 nous conduit au col des Ayes à travers une prairie bariolée de fleurs alpines aux noms mystérieux : silène enflée, achillée millefeuille, knautie des montagnes, stachys, renouée bistorte…  Le sentier qui continue dans la face ouest de la dent de Crolles est un peu escarpé mais des câbles aident et assurent notre progression. Nous passons devant le trou du Glaz, principal accès au réseau souterrain de la dent de Crolles, royaume de la spéléologie avec près de 70 km de galeries.

Sortie spéléo en Chartreuse

© Jérémy Tronc

Terrain chaotique et marmottes chafouines

Enfin, nous émergeons sur le plateau de la dent de Crolles, à l’extrémité sud de la Réserve naturelle. En continuant vers le nord sur un sentier exigeant, nous traversons des paysages grandioses : lapiaz, chaos minéral, forêts remarquables, et prairies alpines verdoyantes bordées de blanches falaises calcaires. Plusieurs fois sur le trajet, des marmottes chafouines signalent par leur sifflement notre arrivée tout en restant bien planquées. C’est lors d’une pause après le col de Bellefont, que nous parvenons à observer une famille un peu moins soupçonneuse.

Une réserve pour la faune et la flore

Ce site exceptionnel abrite de nombreux animaux :

chamois, marmottes, bouquetins, mouflons, tétras lyre, hermines, rares papillons, chouettes et hiboux… Pour avoir une chance de les observer, la discrétion est de mise.

  • 700 espèces végétales

  • 75 espèces d’oiseaux

  • 43 espèces de mammifères

© Jérémy Tronc

Retour à la ville

Après cette prodigieuse entrée en matière, nous devons suspendre notre marche aux portes de la Savoie pour prendre un bus retour. Il nous manque encore deux jours pour boucler notre traversée et bien plus encore pour savourer toutes les facettes de ce massif à la biodiversté impressionnante et à la richesse patrimoniale et humaine unique. L’Émeraude des alpes comme la nommait justement Stendhal est un massif de choix pour les amateurs de randonnée en quête de beauté naturelle, de paysages grandioses et de sérénité.

Infos pratiques

Suivez le guide

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