Vous souhaitez passer une nuit insolite, couplée à la recherche de fraîcheur et d’adrénaline ? Osez l’expérience du portaledge, une sorte de hamac (rigide) de paroi utilisé à l’origine par les grimpeurs adeptes des grandes voies d’escalade et obligés de dormir dans la falaise.
La formule que nous avons testée s’adresse à tous ceux et celles – grimpeurs ou non – désirant profiter d’un panorama à couper le souffle. Le Vercors s’y prête parfaitement.
« On sait grimper grosso modo dans du 5a – 5b, mais pas en tête. Est-ce un niveau suffisant ? ». Lorsque nous contactons Benoit Frénéat, le moniteur d’escalade qui va nous encadrer, il faut avouer qu’on ne sait pas du tout à quoi s’attendre avec cette nuit en falaise.
Où sera installé le portaledge ? Comment grimper avec le sac de couchage et les affaires pour la nuit sur le dos ? De quelle façon va-t-on s’installer une fois arrivés à hauteur de cet impressionnant « lit de camp » accroché dans la falaise ?
Accessible à toutes et tous
Benoit nous rassure d’emblée : il n’y a nul besoin d’être un grimpeur expert pour cette nuit en falaise, ni même de savoir grimper tout court. Et pour cause : on accède à notre bivouac pour la nuit par le haut, après une marche d’approche en forêt d’une petite demi-heure. Mieux vaut néanmoins être un minimum sportif parce qu’il faut charrier le portaledge, qui pèse tout de même près de neuf kilos.
L’arrivée au sommet de cette falaise qui domine le village de Choranche (et l’entrée des célèbres grottes éponymes) récompense les efforts fournis. Le panorama depuis le petit plateau rocheux qui domine un immense cirque est juste somptueux. Et que dire du ballet incessant et magnifique des hirondelles, que nous aurons tout loisir d’observer en détail par la suite ?
On a beau avoir très envie d’expérimenter l’assise du portaledge, une partie de nous se dit qu’on est finalement aussi très bien sur la terre ferme. Est-on vraiment obligé d’aller s’aventurer dans la paroi ? En nous ramenant dans le présent, le montage de notre lit suspendu (effectué depuis le plateau sommital) nous évite de trop cogiter. Et puis on sait au fond de nous que le plaisir ne sera que plus grand dès lors qu’on sera parvenu à dépasser cette peur. Une fois les portaledges assemblés, il nous reste quelques minutes à profiter sereinement de l’environnement exceptionnel qui nous entoure, le temps que Benoit aille les arrimer solidement à la paroi.
Vient désormais le moment tant attendu… et redouté : faire le saut dans le vide pour rejoindre notre camp de base pour la nuit !
Équipé d’un baudrier et d’un casque d’escalade, c’est par une sorte de rappel qu’on se dirige vers les portaledges.
Rassurez-vous, ceux-ci ne sont pas loin (3 ou 4 m en-dessous du plateau). Et Benoit nous accompagne durant cette courte descente.
Néanmoins un peu crispé, on fait une fausse manipulation sans conséquences, si ce n’est de se retrouver assis un peu plus vite que prévu sur le portaledge !
Désormais bien assis dans notre hamac de luxe avec 280 m de vide sous nos pieds, on est finalement bien plus à l’aise qu’imaginé. On sent que le portaledge est vraiment solide. Enfin on profite pleinement de cette vue extraordinaire qui s’offre à nos yeux, magnifiée par les lumières de la fin de journée. On tente même – timidement – de basculer nos jambes dans le vide et de s’avancer vers le rebord du portaledge. On a beau savoir qu’on ne risque rien, puisqu’on est en permanence accroché à une sorte de longe elle-même fixée à un spit (anneau d’ancrage métallique dans la paroi), on ne va pas tenter le diable non plus ! Même si l’appréhension est toujours un peu présente, un sentiment de liberté nous gagne peu à peu et prend le dessus. Quelle chance de pouvoir contempler ce cirque rocheux et profiter du silence de la nature, seulement rompu par moments par le bruit d’un léger vent fort agréable en cette chaude journée de fin juillet !
Alors que la pénombre s’installe progressivement, nous dégustons le délicieux repas apporté dans une sorte de malette-panier fort bien conçue. Niché dans ce vaste cirque rocheux, les délicats wraps au saumon, mignardises sucrées et salées, et même un verre de vin rouge, n’en ont que plus de saveur !
Une nuit magique à ciel ouvert
Revenu dans notre lit à ciel ouvert, on n’a pas envie de s’endormir tout de suite. On préfère admirer les étoiles qui apparaissent progressivement au-dessus de nos têtes. Aucunement gêné par la pollution lumineuse de la ville – et accessoirement loin de sa fournaise, ce qui n’est pas négligeable en cette journée caniculaire où nous avons testé l’activité – on profite pleinement de ce spectacle majestueux !
Si notre hamac suspendu est plutôt très confortable, il s’avère néanmoins difficile de dormir d’un sommeil profond. La peur (bien que pas vraiment fondée) de faire tomber des affaires dans le vide, et les sangles et cordes qu’on sent sous notre corps à chaque fois qu’on se tourne ne facilitent pas la tâche. On sent aussi parfois le vent qui remonte le long de la falaise. Mais cela n’a au fond guère d’importance. Assister au lever de soleil juste derrière la falaise est un spectacle magique qui n’a pas de prix ! Après avoir appréhendé quelque peu de dormir dans le vide, on regretterait presque de retrouver la terre ferme…
Dans les Alpes, Expédition Verticale rend accessible, l’escalade et les sports de verticalité, grâce à des expériences insolites, uniques et palpitantes, en petits groupes.
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