© Thibault Lefébure

Conseils sécurités pour randonner dans la neige

Chaque hiver, lorsque la neige recouvre les massifs, les pratiquants et pratiquantes d’activités outdoor s’aventurent en montagne. À pied, en raquettes, à ski, en alpinisme… Les pratiques d’activités outdoor dans la neige comportent des risques qui leur sont propres comme les avalanches ou les glissades accidentelles.
Retrouvez ici nos conseils pratiques, essentiels, construits avec l’ANENA* pour préparer au mieux vos stories.

* L’ANENA est l’Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches)

Réduire les risques en montagne

Lorsque la neige a recouvert les paysages de montagne, elle tend à lisser le relief et les obstacles naturels, rendant la lecture du terrain plus difficile : les chemins d’été, la végétation basse, les zones d’éboulis, les rivières disparaissent pour laisser place à de grandes étendues de neige.

Parfois dès le début de l’automne, tout au long de l’hiver et souvent jusqu’à tard au printemps, la pratique des sports d’hiver doit prendre en compte les risques inhérents à l’enneigement.

Chaque saison, on déplore dans les massifs isérois plusieurs accidents, parfois mortels : avalanche lors de randonnées, glissades non maîtrisées lors de sorties à pieds ou en raquettes.
Afin de préparer votre sortie selon les conditions d’enneigement et pour évoluer avec le maximum de sécurité, nous vous présentons des recommandations essentielles à suivre cet hiver.

Les indispensables

Quel équipement prévoir ?

En montagne, au pied des pentes ou dans les pentes, vous devez envisager le risque d’avalanche.
En plus du matériel minimum pour évoluer sur la neige et d’un fond de sac adapté à la montagne hivernale, toute sortie en montagne enneigée nécessite :

  • le triptyque DVA (Détecteur de Victime d’Avalanche) + sonde + pelle pour chaque membre du groupe.
    Si vous êtes victime d’avalanche, le DVA permet de vous localiser plus rapidement. Quand au triptyque DVA+pelle+sonde, il permet de rechercher, localiser et dégager rapidement une victime ensevelie sous une avalanche. Son utilisation nécessite formation et entraînement.
  • du matériel adapté à la neige dure : crampons, piolets, couteaux, corde… Selon votre pratique (ski de randonnée, raquettes, alpinisme, marche glaciaire…) un matériel adapté est indispensable.

Les risques en montagne sont le croisement entre :

  • un danger produit par les conditions météorologiques actuelles et des jours précédents : neige au sol, orage, brouillard, précipitations intenses, tempête…
  • les difficultés liées au terrain et à l’itinéraire : raideur des pentes, technicité de certains passages, chutes de pierre, glacier…
  • la vulnérabilité des personnes qui parcourent la montagne.

Dès lors, pour réduire les risques lors une sortie en montagne et quelle que soit l’activité, vos décisions et vos actions prendre en compte ces 3 facteurs :

  • les conditions météorologiques passées, prévues et en cours,
  • le terrain sur lequel la sortie se déroule,
  • les personnes qui constituent le groupe de la sortie.
© Audrey Collomb

DVA + pelle + sonde + formation + entraînement

Lorsque la victime est elle-même équipée d’un DVA, ses compagnons ou des témoins directs, équipés chacun d’un DVA, d’une pelle et d’une sonde, peuvent agir instantanément et maximiser ses chances de survie.
Chaque saison, plusieurs randonneurs, ensevelis mais équipés de DVA, sont localisés et dégagés par leurs compagnons et ainsi sauvés.

Se former à la prévention en montagne

© Audrey Collomb

Méthode 3×3

Afin de minimiser les risques tout au long de votre sortie, vous pouvez opter pour la méthode « 3×3 » qui implique de prendre en compte trois facteurs de risque tout au long de la sortie :

  • Lors de la préparation, au chaud, à la maison ou au refuge,
  • Au départ, sur le parking et en route sur l’itinéraire,
  • À chaque passage un peu spécial, clé dans la sortie.

Surveiller les conditions météo

Quelle sera la météo ?

Connaître la prévision météo du jour vous permet de préparer le bon équipement et les bons vêtements et d’anticiper une éventuelle augmentation du risque au cours de la sortie (chutes de neige, hausse de la température, intensification du vent…).
Mais il faut également avoir un œil sur les conditions météos des jours précédents (chutes de neige, pluie, vent, températures…) qui influent sur le manteau neigeux et sa stabilité.
En plus de Météo-France, il existe de nombreux sites et applications de prévision météorologique. Certains d’entre eux apportent un focus local.
Voici quelques sites à conserver dans vos favoris : meteofrance.fr, meteociel.fr, meteoblue.fr, windguru.cz, windy.com, meteoalpes.fr, meteo-chamrousse.com…

© Audrey Collomb

Le brouillard, facteur aggravant en montagne

En réduisant fortement voire complètement la visibilité, le brouillard aggrave les risques en montagne : difficultés à percevoir le relief, à estimer le danger dans les pentes, à évoluer en groupe et en sécurité.

Aussi, en cas d’accident, le secours sera complexe et plus long : l’emploi de l’hélicoptère pour acheminer les secouristes professionnels pourra être rendu impossible.

Quel sera le risque d’avalanche ?

En plus de la météo, il est important de s’informer du risque d’avalanche prévu sur le massif que vous souhaitez explorer, et, plus finement, sur les pentes que vous allez aborder.
Pour cela, le Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche (B.E.R.A.) de Météo-France est l’outil indispensable à consulter avant votre sortie en montagne enneigée.
Les B.E.R.A. sont publiés quotidiennement vers 18 h. Ils livrent des informations relatives au risque d’avalanche pour chaque massif isérois : Chartreuse, Vercors, Belledonne, Oisans, Grandes-Rousses.
Ils sont consultables sur le site de Météo-France, par massif.

meteofrance.com

© Audrey Collomb

Déterminer son itinéraire

Où aller ?

La préparation de l’itinéraire est une étape clé à laquelle il faut consacrer du temps. Chaque itinéraire doit être adapté au groupe, aux conditions de terrain… et doit avoir des alternatives.
Tracer sur une carte l’itinéraire qui limite les risques d’avalanche et de glissade, tout en répondant au mieux aux envies et aux capacités du groupe (longueur, raideur, dénivelé, qualité de la neige…) est votre point de départ.
Il faudra également prévoir des alternatives à l’itinéraire principal. Une fois sur le terrain, cela permettra à votre groupe de s’adapter aux conditions réelles rencontrées, sans causer de frustrations ou de mécontentement.
C’est un gage supplémentaire de sécurité.

© Audrey Collomb

Quels outils pour repérer mon itinéraire ?

La carte topographique IGN est l’outil le plus adapté. Elle permet de bien visualiser les orientations, les itinéraires, l’altitude, l’inclinaison des pentes, la forme du relief, la végétation… Des itinéraires « classiques » de ski de randonnée sont symbolisés par les lignes bleues sur les cartes IGN.
Un calque « d’inclinaison des pentes » est disponible sur certaines applications qui utilisent le fond de carte IGN.
Dès qu’une pente dépasse 30° d’inclinaison, elle est coloriée, selon 4 niveaux :

  • 30° à 34° : jaune
  • 35° à 39° : orange
  • 40° à 44° : rouge
  • supérieure à 45° : violet
© Géoportail

Pensez également que tout itinéraire, même à plat peut être entouré de pente. Chaque route choisie doit être étudiée dans son environnement et évitez de circuler dans les pentes de couleur ou de circuler à leur pied.

geoportail.gouv.fr

Appli mobile

Sur l’appli Isère Outdoor, dans la rubrique « Activités hiver », vous trouverez des sites de pratiques et des itinéraires balisés en raquettes et ski de randonnée. c
Le fond de carte IGN est disponible avec géolocalisation et indique également les pentes dès 30°.

Découvrir Isère Outdoor

Avant et pendant la sortie, vérifier les conditions

Double check des DVA

Au départ d’une sortie, il est primordial de vérifier le bon fonctionnement de l’ensemble des DVA du groupe ainsi que leurs modes « Émission » et « Réception ». Il est important de réaliser cette double vérification avant la sortie.

Selon les modèles de DVA, le mode de vérification est différent. Reportez-vous à la notice et informez-vous auprès de votre point d’achat ou de location.

Pour apprendre à bien utiliser votre DVA, formez-vous auprès de l’ANENA.

À noter :  les DVA doivent être portés sur le corps et non dans le sac à dos.

Formations ANENA

Bon à savoir

Entourez-vous de personnes formées et sensibilisées et faites appel à des guides et professionnels de la montagne pour accompagner vos sorties.
Si vous n’êtes pas expérimenté, restez sur les itinéraires de raquettes et itinéraires de ski de randonnée balisés.
En hiver, le choix d’itinéraire doit être dicté par le risque d’avalanche ou celui de glissade accidentelle.

Comment est le groupe aujourd’hui ?

Avant même de partir mais aussi pendant toute la durée de la sortie, il est important de vérifier l’état des troupes :

  • Combien sommes-nous ? La taille idéale d’un groupe est entre 3 et 8 personnes.
    Seul, vous êtes extrêmement vulnérable. À deux, le risque diminue mais demeure important : en cas d’accident, d’avalanche notamment, l’alerte et les secours seront plus compromis
    Au delà de 8 personnes, votre groupe devient trop grand pour bien gérer la communication, les décisions et la conduite de la sortie.
  • Qui vient ? L’itinéraire doit être adapté aux conditions physique, niveau technique de l’ensemble du groupe et notamment de la personne la moins expérimentée.
  • Quel est l’état d’esprit des membres du groupe ? Certaines situations (poudreuse, sommet en condition, etc.) peuvent influencer les prises de décision. Il faut veiller à rester le plus objectif possible.
  • Quel est l’état physique du groupe ? Parfois, la longueur et le dénivelé d’un itinéraire ne semblent plus adaptés à la forme physique de certains membres du groupe.
  • L’équipement est-il complet et fonctionnel ? DVA + sonde+ pelle pour chaque participant, et selon les conditions, couteaux, crampons…
© Audrey Collomb

Quelle est la réalité de l’itinéraire ?

Dès le départ de la sortie et tout au long de l’itinéraire, il faudra confronter à la réalité ce qui avait été imaginé lors de la préparation :

  • Qui est vraiment là ? Comment sont équipés mes compagnons et dans quel état d’esprit et physique sont-ils ?
  • Quelles sont les conditions météorologiques et quelle est la dangerosité du manteau neigeux ?
  • Le terrain se révèle-t-il comme nous l’avions imaginé ? Notre itinéraire est-il adapté ou doit-on le modifier ?
© Audrey Collomb

Le terrain est-il conforme à ce que l’on imaginait ?

Au départ et tout au long de la sortie, vous devez observer attentivement le terrain que vous allez parcourir, et, potentiellement, les points clés à venir.
Cela permet de valider l’itinéraire prévu et de l’adapter aux conditions réelles si elles sont différentes des prévisions.
Lorsqu’une partie de l’itinéraire n’est pas visible, vous devez raisonner par analogie en observant les versants similaires à ceux que le groupe va découvrir plus loin.

© Audrey Collomb

Les idées reçues

« Il y a des traces, ça ne craint rien »

La présence de traces dans la pente à tendance à nous rassurer.

« Mais il y a traces et traces »

Le fait qu’une pente soit très régulièrement très fréquentée tend à empêcher la présence de couches fragiles continues.
De la même manière, le tassement du manteau neigeux par les passages répétés favorisera sa stabilisation.

En revanche, une pente similaire mais peu parcourue, peut donner une fausse impression de sécurité.
Les habitués d’itinéraires très fréquentés doivent augmenter leur vigilance dès qu’ils s’éloigneront des « classiques ».

  • 15 min sous une avalanche

    la victime a 90 % de chance de survie

  • 30 min sous une avalanche

    la victime a 30-40 % de chance de survie

  • 45 min temps moyen d'intervention

    des secours en montagnes en Isère (CRS ou PGHM)

C’est parti ?

Les points de passage clés

Votre itinéraire comporte des passages clés où vous avez identifié un danger potentiel. Ils requièrent une vigilance particulière et mènent soit à l’engagement du groupe, soit à une adaptation de l’itinéraire, soit à un renoncement.
En termes d’avalanche, il s’agit de toutes les pentes inclinées de plus de 30° qu’il faut franchir ou qui dominent directement l’itinéraire.
La réflexion quant à l’engagement du groupe au passage clé doit s’effectuer en un point de décision approprié : en sécurité, offrant une bonne visibilité sur le passage en question, stratégique par rapport aux éventuelles variantes ou au repli.
Votre réflexion porte sur :

  • La dangerosité du passage : risque d’avalanche, de chute et de glissade,
  • Les conséquences possibles en cas de survenance du danger,
  • Les stratégies de franchissement possibles.
© Audrey Collomb

Les mesures de réduction du risque

Il s’agit de mettre en place des mesures qui limitent les éventuelles conséquences d’une avalanche : une seule personne sera potentiellement emportée, les conséquences physiques pour elle seront limitées au maximum.

À la montée :

  • ne faire qu’une seule trace de montée et l’optimiser pour se tenir à l’abri du danger,
  • établir des distances entre les membres du groupe,
  • si possible, franchir le passage un par un,
  • évoluer d’ilot de sécurité en ilot de sécurité.

À la descente :

  • déterminer un ordre de passage optimal : les meilleurs skieurs ou le leader en 1er, les meilleurs « sauveteurs » ou le leader en dernier, les plus faibles du groupe au milieu,
  • descendre un par un, d’ilot de sécurité en ilot de sécurité,
  • borner la trace à gauche et à droite de la première trace (la zone de glisse à ne pas dépasser),
  • déterminer les zones interdites, jugées les plus dangereuses,
  • déterminer les échappatoires, en cas d’avalanche,
  • en bas de pente, stationner loin du pied de pente et désaxé par rapport à un éventuel écoulement.

Cette page a été réalisée avec l’ANENA (Association Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches). Cet organisme est spécialisé dans la prévention des risques en montagne.

Consultez leur site internet pour obtenir toutes les informations pratiques liées à la sécurité en montagne.

L’ANENA propose également des formations pour apprendre à prévenir les risques en montagne et pour apprendre à gérer les accidents.

anena.org