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En Isère, une douce itinérance vers Compostelle
C’est un itinéraire mythique et une aventure humaine vieille de plus de 1 000 ans. Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle traversent également l’Isère et ses somptueux paysages, via le GR®65. Que l’on soit pèlerin ou simple randonneur, ces chemins offrent une découverte apaisée et introspective des richesses du nord du département. Nous y avons marché pendant quelques temps.
Marcher sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, empruntés depuis des siècles par les pèlerins en route vers le sanctuaire galicien, engage émotionnellement le randonneur plus que tout autre itinéraire.
Croyant ou non, ce prestige historique imprègne le marcheur à chaque étape de son itinérance. En Isère, on peut vivre cette expérience unique sur 120 km, sur la via Gebennensis, qui relie Genève au Puy-en-Velay.
Du village d’Aoste, à l’est, à Clonas-sur-Varèze, à l’ouest, le sentier traverse des villes et villages chargés d’histoire, surplombe des lacs, franchit des ruisseaux, serpente parmi les étangs, chemine en balcon sur des collines et s’enfonce dans de belles et rafraîchissantes forêts de feuillus. Nous ne pouvions résister à l’appel de cet itinéraire historique.
Suivez la coquille
La première impression marquante lorsqu’on commence à emprunter le chemin est le balisage distinctif : la mythique coquille blanche ou jaune sur fond bleu.
En le suivant, on se sent appartenir à cette grande famille de pèlerins qui, depuis l’an 834, parcourent l’Europe entière pendant des jours et des semaines, en quête de sens, de spiritualité et de rencontres.
Pourquoi entreprennent-ils ce voyage ? Que ressentent-ils ? Qu’est-ce qui les motive ? Ces questions nous traversent l’esprit alors que nous commençons à marcher sur un sentier en pente douce, serpentant parmi les champs de blé et les terres en jachère, près des Abrets.
Constructions ancestrales
Ici les collines sont couvertes de forêts de feuillus, de champs cultivés ou de pâturages et accueillent en leur creux de charmants villages ainsi que des bâtisses typiques du Dauphiné.
Ces édifices se distinguent par leurs murs en pisé ou en galets roulés, souvent surmontés de toits en tuiles écaille. Ils témoignent d’une technique de construction remontant aux 13ème, 19ème et début du 20ème siècles.
Ces maisons, si anciennes et rustiques, sont encore debout, gardant vivante l’histoire de la région.
Croix, églises et croyances
À certains carrefours, des croix en bois ou en métal se dressent sur de beaux socles de pierre. À leur pied, de petites pierres, témoins silencieux du passage de pèlerins, maintiennent leur mémoire vivante. Plus loin, une coquille Saint-Jacques est fixée à un piquet en châtaignier, symbole intemporel du chemin.
Ces coutumes mêlent superstition et spiritualité, fétichisme et foi.
Ralentir et réfléchir
À Valancogne nous croisons Jean-Baptiste, la trentaine, en pause sur les marches de la belle église en galets roulés. Les pieds à l’air, on le sent fatigué, avec certainement plus d’étapes que nous dans les jambes. Il nous dit regretter avoir pris de si grosses chaussures mais se réjouit de sa randonnée qui s’arrêtera cette année au Puy-en-Velay.
Un chemin intérieur
Seul, il loue l’aspect introspectif de la marche, la déconnexion avec son quotidien stressant, l’immersion longue dans la nature.
Le but de son périple : ralentir, réfléchir et se questionner !
Crête et vue sur le lac
Après Valancogne, la montée est raide mais brève. La pente s’adoucit rapidement et le chemin serpente en balcon sur une colline, ouvrant des perspectives vers le sud sur les contreforts de la Chartreuse et du Vercors. Dans l’autre direction, on découvre un paysage de collines et de plaines verdoyantes qui s’étend à perte de vue.
Plus loin, entre deux hautes haies de fougères, apparaît une belle étendue turquoise : le lac de Paladru, au nord de Voiron. La couleur unique de ses eaux est due à la craie lacustre qui tapisse son fond. À l’instant, rien ne nous ferait plus plaisir que de nous y baigner.
Sur ses rives, un audacieux bâtiment au profil épuré abrite le Musée archéologique du lac de Paladru.
Il expose les plus beaux objets d’un village du néolithique découvert dans ses eaux dans un état de conservation remarquable.
Souffler le temps d’un break les pieds dans l’eau
L’empreinte des Chartreux
Tout au long de l’itinéraire, les découvertes historiques abondent, nichées dans des paysages ruraux et préservés.
Ainsi, la Sylve-Bénite, imposant bâtiment en pierres roulées, témoigne de l’implantation en 1116 d’une seconde maison de l’Ordre des Chartreux. Les Chartreux sont à l’origine de la création des nombreux étangs locaux, utilisés pour drainer les terres et les rendre cultivables.
Il ne reste que peu de traces de ce vaste ensemble, détruit pendant la Révolution.
Cependant, la monumentale Grange Dîmière, située un peu plus bas, en fait également partie. Restaurée complètement en 1993, elle se visite et accueille sous sa charpente spectaculaire de 18 mètres de haut des expositions temporaires, comme les céramiques oniriques de Caroline Schmoll lors de notre passage, ainsi que des spectacles.
Repos et baignade
La prochaine étape de notre périple nous mènera à La Côte-Saint-André, ville natale d’Hector Berlioz. Le musée qui lui est consacré, gratuit, promet d’être une nouvelle belle découverte. Mais cela sera pour le lendemain.
Pour l’heure, nous quittons le GR®65 pour rejoindre les berges du lac à Charavines. La baignade tant désirée pendant notre marche sur les crêtes du bois de Briche nous attend enfin.
Nous pourrons aussi y passer la nuit, nous permettant de repartir en pleine forme sur cet itinéraire spirituel riche en découvertes.
Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle
Suggestion d’étapes
120 kilomètres d’est en ouest, d’Aoste à Clonas-sur-Varèze.
- D’Aoste aux villages du lac de Paladru (le Perraud) : 25 km
- Des villages du lac de Paladru au Grand-Lemps : 18,8 km
- Du Grand-Lemps à la Côte-Saint-André : 14,6 km
- De la Côte-Saint-André à Revel-Tourdan : 22 km
- De Revel-Tourdan à Clonas-sur-Varèze : 26 km
Faire voyager ses papilles au coeur du Dauphiné
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