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Traversée de Belledonne : une épopée très alpine

Le GR®738 est une itinérance de 130 km traversant intégralement le massif de Belledonne. Un véritable Graal pour tous les passionnés de trek. Des lacs glaciaires aux forêts profondes, des cols perchés aux alpages paisibles, cette exploration alpine exigeante trouve sa récompense dans la beauté saisissante des paysages traversés et l’accomplissement d’une aventure hors du commun. Nous nous y sommes lancés pour quelques jours.

Alignés du nord au sud sur 80 kilomètres, les sommets de la chaîne de Belledonne dessinent au-dessus de Grenoble et du Grésivaudan une majestueuse muraille naturelle reliant Vizille en Isère à Aiguebelle en Savoie.
Vu de loin, le massif impose ses perspectives très alpines et aériennes, tranchant avec les massifs calcaires de Chartreuse et du Vercors.
Bien qu’intimidant, Belledonne exerce par sa beauté une fascination et un appel irrésistible à l’exploration et à la conquête de ses sommets.

 

 

Des bergers au sentier

Souvent parcourues en une ou deux journées par les Grenoblois, les cimes de Belledonne méritaient un sentier de grande randonnée. C’est chose faite depuis l’inauguration du GR® 738 en 2018.
Le projet a débuté il y a 20 ans sous le nom de « sentier des Bergers ». Il est initié par la Fédération des Alpages pour relier les activités pastorales et celles du tourisme.
La rencontre avec les troupeaux est fréquente et cela implique de comprendre et de respecter les contraintes liées à l’activité pastorale pour assurer un partage harmonieux de cet espace naturel.

Les bonnes pratiques en montagne

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« Sur les sentiers façonnés par une pratique pastorale millénaire s’est greffée récemment une pratique touristique et sportive importante. L’idée du sentier des Bergers était de continuer de parler de pastoralisme aux randonneurs qui traversent, sur cet itinéraire, quasiment tous les alpages ovins de Belledonne »

Joseph Paillard Fédération des Alpages

Miroirs d’altitude

L’erreur fréquente est de traduire 7 Laux par 7 lacs. En réalité, ce plateau en abrite au moins douze, enchâssés dans un écrin de roches érodées. L’étymologie du nom provient plutôt d’une déformation phonétique de Cælum-i-o, signifiant en latin « montagne du ciel », un terme qui décrit à merveille le paysage stupéfiant que l’on découvre ici. Ces miroirs d’altitude semblent avoir été déposé là, en équilibre parfait entre les crêtes et les alpages fleuris. Les eaux, exhibant d’infinies nuances de bleu, contrastent avec les reliefs minéraux qui les entourent, créant un tableau presque irréel. Belledonne, dans son ensemble, abrite plus de 70 lacs, véritables joyaux répartis tout au long des 120 kilomètres de sentiers du massif.

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Randos sans voiture

La montagne sans voiture

À l’image des massifs de la Chartreuse et du Vercors, Belledonne bénéficie d’une excellente desserte en transports en commun, que l’on envisage sa traversée complète ou segmentée selon ses envies. Depuis Grenoble ou la vallée du Grésivaudan, il est ainsi très facile de prendre un bus en direction de Chamrousse ou du Pleynet, pour ensuite rejoindre le GR®738. La traversée entre ces deux stations offre un aperçu fabuleux des plus jolis paysages de Belledonne et une rupture complète avec la ville. Ainsi, lorsque le bus M Tougo 607 nous dépose au Pleynet, le contraste avec les rues grenobloises est frappant. Nous nous retrouvons cernés par d’imposants versants verdoyants zébrés de torrents exubérants. Depuis le parking, notre itinéraire promet une belle ascension de 800 mètres pour atteindre les 7 Laux, un ensemble de lacs glaciaires qui a lui seul fait la réputation du massif.

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Refuges rassurants…

Les 7 Laux c’est aussi le nom du refuge où nous passons la nuit. Rustique, accueillant, le tutoiement s’impose naturellement. Après l’effort de l’ascension, il est bon d’occuper la terrasse ensoleillée en dégustant une part de tarte aux myrtilles, surtout dans ce paysage ! Le soir, le repas est servi à heure fixe pour tous, et les randonneurs se retrouvent autour de grandes tablées conviviales. Au menu : soupe épaisse, croziflette et crème dessert. Simple mais savoureux. Les randonneurs échangent leur récit de montagne et leur projet pour le lendemain. Les moins fatigués poursuivent la soirée avec une partie de cartes avant de rejoindre le dortoir commun. Une dizaine de refuges jalonnent le parcours entre l’Isère et la Savoie. Tous offrent cette expérience rustique et réconfortante, un abri rassurant et reposant face à la rigueur de la montagne.

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…et bivouacs intimistes

Au fil de notre parcours, nous avons remarqué que de plus en plus de randonneurs optent pour le bivouac, souvent près des refuges, comme ici aux 7 Laux, ou à proximité des lacs. Cette pratique nécessite un matériel spécifique qui alourdit le sac à dos mais offre une expérience encore plus immersive dans la nature. À vous la quiétude, les paysages magiques du crépuscule et le ciel nocturne parsemé d’étoiles. Il convient cependant de respecter strictement les règles qui relèvent souvent du bon sens : pas de feu, pas de baignade, pas de déversement de produits de lavage dans les ruisseaux, pas de déchets.

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Des paysages minéraux

Randonner dans Belledonne, c’est aussi se confronter à ses reliefs escarpés et à ses paysages minéraux, à la fois austères et envoûtants. Après les 7 Laux, en direction du sud, les franchissements d’éboulis, de pierriers, de cols et de verrous à plus de 2400 mètres d’altitude se succèdent : le raide col de la Vache, souvent encore recouvert de neige, l’exigeante et chaotique brèche de Roche Fendue, puis le sévère col de la Mine de Fer, ouvrant sur un cirque formé de parois menaçantes. Évoluer dans ces environnements met tout votre être en état de vigilance et de fascination. Ici, il faut accepter de se sentir petit et vulnérable, et avancer avec une détermination sans faille.

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  • 130 km de distance

  • 10000 m de denivelé positif

  • 15 refuges ou cabanes sur le parcours

  • 11 jours de marche

  • 284 m altitude minimum

  • 2 545 altitude maximum

La faune et la flore : une richesse préservée

La Haute Traversée de Belledonne est aussi une occasion unique d’observer la faune et la flore locales. Le massif est un véritable sanctuaire pour de nombreuses espèces. Au fil des étapes, nous avons souvent croisé la route de bouquetins ou de chamois, agiles et rapides sur les pentes escarpées. La flore de haute montagne, adaptée aux conditions rigoureuses, est un magnifique témoignage de la résilience de la nature dans cet environnement.

C’est une aventure, l’une des plus sauvages des Alpes françaises.

© Jérémy Tronc

Une expérience humaine unique

Au-delà de la beauté des paysages, la Haute Traversée de Belledonne est aussi une aventure humaine. Partir à l’assaut de ce sentier, c’est s’immerger dans un rythme de vie différent, dicté par les heures de marche et les étapes à franchir. Chaque journée est une nouvelle découverte, chaque col franchi apporte son lot de surprises et d’efforts récompensés par des vues spectaculaires. En parcourant ses crêtes, en longeant ses lacs et en gravissant ses sommets, on découvre toute la richesse et la diversité du massif de Belledonne. C’est une aventure, l’une des plus sauvages des Alpes françaises, qui, une fois terminée, laisse à la fois des souvenirs impérissables et une irrésistible envie d’y retourner. Car Belledonne ne se découvre jamais complètement en une seule traversée – elle se vit, se contemple, et appelle à toujours plus d’exploration.

Idées week-ends

Envie de faire une pause dans votre traversée de Belledonne ? Gîtes et chambres d’hôtes cosy vous accueillent à proximité du parcours, le temps d’une nuit ou plus, avant de repartir à l’ascension des cols et lacs glaciaires du massif.

Suivez le guide

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