Spéléologie Dent de Crolles Chartreuse
© Thibaud Galai

Spéléologie : on a marché sous la Dent de Crolles !

Dressée en sentinelle au-dessus du Grésivaudan, la dent de Crolles abrite un réseau de 70 km de galeries souterraines. C’est un lieu réputé pour les spéléologues du monde entier, propice aussi aux sorties d’initiation. En tenue d’explorateurs, on s’est glissé dans les entrailles de la montagne pour vivre, avec un guide, les frissons de la spéléologie. Une aventure singulière et hautement dépaysante.

Vue de la vallée, la Dent de Crolles semble une tour pleine et inébranlable qui veille sur tout le Grésivaudan. En réalité, c’est un emmental calcaire géant, sillonné de dizaines de kilomètres de galeries souterraines et de grottes creusées par l’eau depuis des millions d’années, convoitées par les spéléologues du monde entier.

On a découvert 70 kilomètres de galeries accessibles par 18 entrées différentes, explique Cyrille Mathon, guide spéléologue, il faudrait une vie entière pour tout parcourir. » Cyrille, fin connaisseur de la dent, sera notre accompagnateur dans les 2 cavités prévues : la grotte Chevalier et la grotte Annette.

Préparation et marche d’approche

Avant cela il faut rassembler dans un baril étanche et un sac spéléo spécifique les effets personnels, la combinaison, le baudrier et le casque. Cet équipement professionnel nous suggère que nous ne nous lançons pas dans une simple sortie de loisir mais dans une réelle exploration souterraine. Pour accéder à l’entrée de la première grotte, située dans la face est de la dent, il faut grimper 1h30 dans l’alpage du Habert des Ayes, chaudement éclairé par un soleil cheminant vers son zénith. L’arrête qui suit offre un panorama époustouflant sur l’agglomération grenobloise et le massif de Belledonne encore bien enneigé. Contraste saisissant entre la prairie du Habert avec sa myriade de fleurs et l’ambiance hivernale rayonnante de Belledonne. Arrivé à flanc de falaise, le casque est obligatoire pour évoluer le long de la vire jusqu’à l’entrée de la grotte Annette, porche naturel de calcaire perçant une paroi de plus de 300 mètres de haut. Spectaculaire et intimidant.

 

Équipement et exploration

Installés sur cette petite terrasse dominant le plateau des Petites Roches, nous enfilons alors collants et polaire, recouverts ensuite par la combinaison rouge d’exploration prêtée par Cyrille. Avec notre casque rivé sur la tête et une frontale surpuissante, nous suivons les pas de Cyrille qui s’infiltre dans une étroite cheminée nécessitant quelques contorsions et un peu de sang-froid. L’aventure commence fort. Ces passages que nous redoutions se franchissent finalement assez sereinement en dépit des tortillements imposés. La présence du guide nous rassure et nous incite à avancer sans appréhension. Heureusement car la suite de l’aventure comprend d’autres étroitures qui font tout le sel de l’activité.

Au frais dans la grotte

« Les grottes de la dent de Crolles sont assez froides, autour de 5°C toute l’année. Mieux vaut s’habiller chaudement. »

Cathédrales souterraines

Globalement les galeries sont larges et permettent de marcher debout. « Il y a plein de peurs liées la spéléologie, explique Cyrille, l’image d’une activité où l’on va étouffer. Mais le plus souvent ce n’est pas du tout le cas. »

C’est particulièrement flagrant dans la grotte voisine, la grotte Chevalier, aussi spacieuse qu’une cathédrale durant les 800 mètres de progression.

En revanche, dans le chaos permanent de blocs de calcaire, l’évolution est lente et sollicite toutes les parties du corps. « En spéléologie, toutes les techniques sont bonnes pour progresser, ce qui en fait un sport très complet physiquement », confirme Cyrille.

Spendides décors naturels

© Thibaud Galai
© Thibaud Galai
© Thibaud Galai

8 000 L'Isère, terre de spéléologie !

Avec plus de 8 000 cavités recensées et plusieurs centaines de kilomètres de réseaux souterrains, l’Isère est tout simplement l’une des régions les plus privilégiées au monde pour la pratique !

Paysages fantastiques

Puits de la Gnôle, passages de la Douane, de l’Escargot : nous enchainons sans manipulation de corde les passages et les galeries parfois richement concrétionnées. Dans le faisceau des lampes, on observe, enchanté, les décors naturels, aussi intrigants qu’ils sont rares à la surface. Notre esprit imagine des êtres inspirés des contes et des récits fantastiques. Avant de revenir vers la lueur du jour, nous prenons le temps d’éteindre les lumières et de faire silence. L’obscurité est totale, l’ouïe est exacerbée, à l’affût des bruits d’une grotte étonnamment silencieuse, sans rumeur lointaine. Expérience courte mais tellement apaisante.

Retour à la surface

Il est temps de rejoindre la surface par le même chemin. Un retour plus rapide mais l’exploration aura tout de même duré 3 h 30. En l’absence des repaires habituels – sons, lumières, soleil -, le temps semble avoir passé beaucoup plus rapidement. L’expérience est concluante : la découverte de paysages souterrains inhabituels et étonnants, associée à des techniques de progression spécifiques transforme une sortie commune en grande aventure. Cyrille nous a donné le virus de la spéléologie et nous nous projetons déjà dans d’autres explorations.

© Thibaud Galai

Suivez le guide

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