Visite libre du Parc du Château de Vertrieu
Évènement terminéDécouverte du parc aménagé pour la promenade et jardin à la française récemment restauré. L’intérieur de l’habitation, privée, n’est pas ouvert à la visite.
Redécouverte et restitution d’un grand parc en Dauphiné
Le vendredi 8 septembre 2017, les membres de l’Association Parcs et Jardins Rhône-Alpes se retrouvaient en Nord-Isère pour découvrir les travaux de restitution du parc du château de Vertrieu.
Au delà des travaux eux-mêmes, dont les premiers éléments préparatoires ont été engagés il y a près de 30 ans, c’est l’histoire de ce parc depuis sa conception à la fin du règne de Louis XIV que découvraient les visiteurs guidés par Isabelle et Régis de Laroullière, propriétaires des lieux et qui nous livrent l’histoire de cette restitution.
La propriété de Vertrieu est dans la famille de Laroullière depuis 1712. Elle a été achetée par Antoine Bathéon de Vertrieu, fils d’un échevin lyonnais.
"Ce sont les dégâts provoqués par des événements naturels dans le début des années 90 : tornade, foudre, abondante neige mouillée, inondations suite à la crue centennale du Rhône, qui nous ont fait prendre conscience de la fragilité du parc de Vertrieu.
Une étude historique et un inventaire de l’existant étaient devenus une urgente priorité avant que la lisibilité du parc ne disparaisse complètement. Le parc du château de Vertrieu a été parallèlement inscrit au titre des Monuments Historiques dès 1991.
Le parc se compose de trois parties principales : à l’est un jardin irrégulier (ou à l’anglaise) aménagé en 1843, œuvre des Luizet père et fils, horticulteurs puis paysagistes à Ecully sur 4 générations ; à l’ouest un potager probablement également constitué à la même époque ; et au centre un jardin régulier. Celui-ci a été réalisé à partir de 1714 pour Léonard Bathéon de Vertrieu fils d’Antoine, avec le concours de l’architecte lyonnais Claude Perret intervenant également comme maître d’œuvre des travaux de transformation du château.
Quatre documents d’archives nous sont particulièrement précieux pour la redécouverte et la restitution de cet ensemble :
-un livre journal familial tenu de 1712 à 1792, écrit successivement par Léonard, fils de celui qui a acheté puis par son fils Barthélémy et son petit-fils Léonard-Louis Bathéon de Vertrieu
-deux plans anonymes du 18 ème
-un plan des Luizet de 1843.
Le journal familial (ou livre de raison de la propriété) résume pour chaque année les principales réalisations. Il plante le décor en peu de phrases :
« On a commencé au printemps les constructions et réparations du château sous la conduite de Sr Perret architecte. Les dessins ont été faits par lui et corrigés par mon père et par moi » (1714),
Et pour les jardins : « On a fait les bosquets et les boulingrins et planté les tilleuls sous les dessins que j’ai fait faire par Sr Perret et que j’avais imaginés » (1715)
«On a fait le parterre et allongé les terrasses du côté de Lagnieu d’environ 20 pieds » (1716)
Les plans du début du 18 ème relevaient d’une inspiration commune mais ne correspondaient pas exactement à ce que l’on pouvait lire sur le terrain. Pour avoir une vision globale Thierry Viviant, architecte paysagiste de l’école de Versailles, recommande en 1994 de réaliser un relevé topographique très précis, avec les courbes de niveaux tous les 50 cm, de tous les vestiges des structures du parc encore en place : murs de terrasses, escaliers et emmarchements, kiosque, bancs de pierre, plantations d’alignement, arbres remarquables, parterre, cuvettes laissées par de grosses souches anciennes disparues, … Thierry Viviant a également évalué l’état sanitaire des arbres remarquables, explicité les différents espaces du parc et défini les priorités.
Le jardin irrégulier, l’allée et la cour d’honneur
Ainsi ont pu être définis les arbres devant être éliminés et les arbres remarquables (platanes, tilleuls, frêne, cèdres,…) devant faire l’objet d’une taille douce.
L’accès par le portail d’honneur ayant été abandonné il y a plus d’un siècle, l’allée utilisée par les véhicules automobiles a été redessinée.
Nous avons commencé à replanter dans le jardin irrégulier et dans les périphéries du parc les éléments dont le développement prendrait du temps, en privilégiant des espèces existantes dans le parc ou ses environs. Nous avons reconstitué le verger et restitué les fosses de rhododendrons et azalées devant la façade Est du château, façade refaite en 1900 sur les plans de Pérouse de Monclos. Nous avons implanté les parterres de la cour d’honneur conformément aux plans des 18 et 19 ème.
Le potager
C’est également à cette période que le tennis a été installé dans la partie haute du potager, avec sa clôture architecturée et son environnement d’arbustes et de rosiers blancs.
La partie basse du potager a été restaurée et restructurée. Les auvents de tuiles abritant les murs de clôture ont été repris. Les structures des palissages intérieurs des murs ont été documentées et démontées dans l’attente de trouver un artisan sachant les refaire. Enfin, début 2014, les bordures de buis et les plates-bandes le long des murs ont été créées en remplacement de cordons d’arbres fruitiers depuis longtemps disparus, mais dont attestent de très anciennes cartes postales.
Les plates-bandes de fleurs à couper et un bassin central remplaçant l’ancien bassin démonté lors de l’installation du tennis ont été mis en place en 2017.
Le jardin régulier
La réhabilitation du jardin régulier a été poursuivie avec Frédéric Sichet, archéologue paysagiste. Il a fait une analyse minutieuse de l’existant, puis réaliser des fouilles en tranchée dans le jardin régulier pour confirmer les hypothèses. Une demande de permis de construire a été déposée en 2012. C’est lui qui a mis en évidence les lignes de fuite des perspectives, qui convergent en un point remarquable unique situé de l’autre côté du Rhône malheureusement masqué l’été par la peupleraie implantée sur l’île de la Traille à Saint-Sorlin. Cette perspective enchâsse en son centre la contre-perspective de l’axe Nord-Sud du jardin régulier.
Le jardin régulier se compose de trois terrasses : la première replantée de tilleuls, la seconde avec deux bosquets ouverts ayant en leur centre des boulingrins et un bosquet couvert, la troisième accueillant un parterre.
La terrasse des tilleuls
Les tilleuls d’origine, vétustes, dépérissant, souvent creux et parfois dangereux avaient dû être abattus autour des années 60. Sur la terrasse du haut, ils avaient repoussé sur souche, en cépées qui avaient un certain charme. Nous nous sommes résignés à abattre des repousses d’une quarantaine d’années et à dessoucher pour replanter des arbres d’alignement, pour leur donner le temps de grandir avant de nous attaquer à l’espace qui les séparait du château et planté de sapins. C’est également à ce moment que le mur de la terrasse supérieure a été restauré, sa couvertine complétée et la haie d’ifs qui le borde à présent implantée.
La terrasse des bosquets et boulingrins
Après l’abattage des tilleuls autour des années 60, la terrasse avait été replantée en douglas. Ce choix dicté par l’économie avait une dimension conservatoire, les aménagements de terrain et bancs de pierre avaient été laissés en place.
Une analyse minutieuse du relevé topographique de 1994 permit d’identifier des alignements simples de cuvettes, correspondant aux souches des tilleuls. Un commentaire dans le journal familial de 1762 signalait : « On a coupé un rang de tilleuls dans les bosquets des quatre côtés en dedans » et confirmait l’existence d’un double alignement de tilleuls à l’origine.
Les douglas devenus hors de proportion ont été abattus. Soucieux de restituer le rythme d’origine des alignements et forts de l’expérience de nos ancêtres, nous avons recherché des arbres d’alignement a plus petit développement, utilisés aujourd’hui et ne nécessitant pas de taille.
C’est ainsi que nous avons identifié les poiriers « capital » pour constituer la périphérie des bosquets ouverts, reliés par des haies/palissages de charmille, et formant entre les rangées doubles ainsi constituées des allées pour une invitation à la promenade. Outre leurs caractéristiques de forme, ces poiriers apportent des caractéristiques de couleur : blanc au printemps, vert l’été et rouge à l’automne. Au centre des bosquets ouverts ont été redessinés et reprofilés les deux boulingrins, de motifs distincts comme à l’origine.
Les bancs de pierre ont été remis en place et offrent au promeneur d’agréables perspectives sur le Rhône et le paysage environnant.
Le bosquet couvert a été également redessiné, agrémenté d’une allée et d’une placette, et planté d’essences arbustives variées.
Le parterre
Des suites de simplifications successives des bordures de buis et du grand âge des ifs et catalpas, le parterre avait perdu sa rigueur d’origine. Et les catalpas, sans doute rajoutés lors de la campagne de travaux du milieu du XIXème siècle, étaient incompatibles avec la définition même d’un parterre.
Les vases de pierre ornant le parterre et lui apportant une dimension de verticalité étaient toujours bien en place. « On a fait et posé les quatre vases de pierre qui sont au parterre suivant le marché que j’avais fait avec Sr Perret », peut-on lire dans les pages de 1722 du journal de famille.
Le parterre a été redessiné sur une esquisse de Guy-Marie Kieffer. Il a été replanté en 2014, juste avant que l’on ne se mette à parler de la pyrale du buis.
Les attaques de pyrales ont commencé dans notre région l’année qui a suivi les plantations de buis. Jusqu’à présent nous les avons efficacement combattues. Espérons que le jardin continuera à résister aux nouvelles espaces invasives (ou que de nouvelles variétés résistantes seront développées), et que nos successeurs pourront continuer de profiter tant du cadre et des différents espaces qui le constituent que du site et des perspectives qu’il offre sur son riche environnement.
La grille du potager, à l’origine au milieu du potager du XIXème, a été déplacée pour être dans l’axe du parterre. Elle positionne ainsi les allées intérieures du potager et le bassin à leur intersection.
Comme mentionné sur tous les plans anciens, une haie de séparation a été plantée entre cour d’honneur et parterre pour compartimenter les espaces et agrémenter des effets de surprise lors de la promenade dans les jardins. Il reste à lui donner son gabarit définitif.
La terrasse sur le Rhône
Le parterre se termine par une terrasse, qui se prolonge sur 200 mètres au droit du château puis du jardin irrégulier, offrant sur le fleuve qui coule à quelques mètres une vue exceptionnelle.
Les travaux de restauration du parc régulier touchent à leur fin, une dernière étape est en projet : restituer le bassin central du parterre. Une fois ce dernier chantier réalisé, les gros engins n’auront plus lieu de circuler. Les allées endommagées par les travaux successifs seront décompactées et leur pente reprise pour un drainage efficace, et re-gravillonnées. Les visiteurs (le parc leur est ouvert au printemps depuis 2016) pourront admirer les lieux dans leur cohérence et complétude retrouvées.
L’écrin que constitue un parc sera reconstitué, portant à son aboutissement le projet du XVIIIème siècle. L’aventure sera-t-elle achevée ? Le cadre végétal, l‘architecture et le mobilier de jardin en pierre seront en place. Le temps arrive de songer à l’enrichissement du décor, pour l’agrément du promeneur, peut-être aussi pour nourrir sa méditation."
En pratique
Thème
- Historique
Horaires
Tarifs
Accès libre. Les enfants sont sous la responsabilité de leurs parents.
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Latitude : 45.873984
Longitude : 5.369291
273 rue du Raz Buisson
38390 Vertrieu
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Information mise à jour le 02/05/2024
par Office du Tourisme Les Balcons du Dauphiné